Ce jeudi 28 juillet, peu après 5 heures, Pierre Le Roy a franchi la ligne d’arrivée de la première étape de la 9e édition de la Les Sables – Les Açores – Les Sables, bouclant ainsi en vainqueur les 1 270 milles du parcours entre la Vendée et l’île de Faial au terme d’un peu plus de huit jours de course. Une course pour le moins intense qu’il aura maîtrisée du début à la fin malgré des conditions difficiles car très incertaines, notamment dans la deuxième moitié du parcours. Incisif, déterminé et audacieux, le skipper de TeamWork est, en effet, parvenu à déjouer au mieux les pièges qui ont jalonné le tracé, établissant, en prime, un nouveau record des 24 heures en Mini 6.50 avec pas moins de 308 milles parcourus entre les journées du 21 et du 22 juillet !
« Au départ, je ne savais pas trop comment me situer par rapport aux autres dans la mesure où j’ai peu navigué contre les nouveaux bateaux cette saison. De me retrouver assez rapidement seul, ça m’a un peu rassuré. Je ne savais cependant pas trop comment doser dans le vent fort mais je me suis dit que quitte à être là, autant y aller pied au plancher et ça a plutôt été une bonne idée je pense car j’ai l’impression que c’est là que j’ai fait la différence », a commenté Pierre Le Roy à son arrivée à Horta, tôt ce matin. C’est bel et bien sur la première moitié du parcours, et en particulier lors de la descente un peu tonique le long du cap Finisterre puis des côtes portugaises, que le skipper lillois a fait le break sur la concurrence. « Ça s’est plutôt bien déroulé. Cela étant, le bateau a quand même un petit peu ramassé parce que je n’ai pas été très tendre. J’ai fait un énorme départ à l’abatée juste avant le passage du cap Finisterre. Il y a quelques trucs qui ont subi dans la manœuvre : j’ai perdu mon amure de spi, mon système pour sortir le bout dehors a cassé… Dans la foulée, je pense que j’ai aussi tapé un truc car un bout de ma dérive est pété. Si le bateau est en état de fonctionner, il va toutefois falloir que je renforce tout ça avant la deuxième étape », a détaillé le vainqueur en titre de la Mini Transat qui a largement dominé ce premier acte, et qui après avoir compté jusqu’à 110 milles de bonus sur son poursuivant le plus proche, devrait s’imposer avec, a minima, un matelas d’une dizaine d’heures sur son dauphin. Une avance plus que confortable avant la manche retour dont le départ est programmé le 4 août prochain.
Un record et une histoire de transmission
« Je suis clairement très content pour le classement général. Je vais maintenant vouloir gagner la deuxième étape, c’est sûr. Je ne vais pas y aller avec le frein à main ! », a commenté le météorologue, gargarisé non seulement par sa victoire dans ce premier round, mais aussi par le record qu’il vient d’établir en avalant 308 milles en 24 heures à bord d’un Mini 6.50. « Ce qui est trop cool, c’est qu’il y a toujours une histoire de transmission dans la classe Mini et que Bertrand Delesne, justement, a été l’un de premiers à me faire une formation quand je suis arrivé à Lorient. Il fait partie des gens qui m’ont appris le Mini et c’est important pour moi de le rappeler. Améliorer son record, ça me fait forcément quelque-chose », a relaté Pierre qui raye ainsi des tablettes une performance invaincue depuis douze ans, établie lors de la deuxième étape de cette même épreuve en 2010. « Je ne me suis pas rendu-compte que j’étais en train de le battre. Je l’ai su à la vacation radio le lendemain. J’ai cependant rapidement compris que c’était un bon créneau car j’ai vraiment pu faire un tout droit dans les alizés portugais mais au moment où j’y étais, je n’y ai pas du tout pensé. J’étais davantage en train d’essayer de gérer la mer qui n’était vraiment pas facile, et je naviguais même avec un peu moins de toile que d’habitude ».
Une première étape complète autant que complexe
Le bilan de cette première manche est donc largement positif, même si tout n’a certainement pas été parfait. « Je suis assez curieux de rejouer sur la cartographie un peu ce que j’ai fait lors des deux-trois derniers jours. Je ne suis pas très sûr de ma trajectoire et en particulier la manière dont j’ai négocié le dernier front. Je ne suis pas persuadé que c’était super intelligent mais c’était un peu compliqué. Autant la météo, sur le début de l’étape, correspondait bien à ce quoi on s’attendait, autant sur la fin, c’était difficile de voir comment aborder les petits fronts qui trainaient autour des Açores », a indiqué le navigateur qui n’a toutefois jamais douté dans les derniers milles malgré la pétole et une situation météo pour le moins aléatoire. « Bizarrement, je suis resté assez serein car je comprenais qu’on était tous à peu près dans du vent mou. Je ne voyais pas par où les autres pourraient passer pour reprendre autant de milles. C’était un peu différent de la Mini Transat où, effectivement, ça pouvait passer par la droite et par la gauche. Pour finir, malgré les grains et le vent qui n’était pas du tout conforme à ce qui était annoncé, je ne me suis pas trop posé de questions, j’ai juste fait avec le vent qu’il y avait, tout en essayant de faire ma route au plus simple », a souligné le skipper de TeamWork qui aura à cœur de confirmer sur la deuxième manche et de signer un sans-faute pour sa dernière course en solitaire sur ce bateau.
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